Affiche francophone du drame historique "Bastarden" de Nikolaj Arcel (2023)

[Critique] Bastarden de Nikolaj Arcel

L’histoire: En 1755, le capitaine Ludvig Kahlen (Mads Mikkelsen) part à la conquête de la rude lande danoise, réputée inhabitable, avec un objectif apparemment impossible à atteindre : construire une colonie au nom du roi, en échange d’un titre de noblesse. La lande signifie pourtant une mort presque certaine – c’est un lieu perdu hanté par les loups voraces, les bandits de grand chemin et la nature impitoyable. La poursuite de Kahlen lui apportera la richesse et l’honneur qu’il recherche depuis longtemps – ou aura raison de lui. Aux côtés de Mikkelsen, il y a Amanda Collin, dans le rôle de la femme qui devient à la fois sa bien-aimée et son alliée, et Simon Bennebjerg, dans le rôle de son ennemi juré.

Sortie en salle au Québec: 16 février 2024

Après En Kongelig Affaere (Liaison royale, A Royal Affair, nommé aux Oscars en 2013), campé en 1767 dans la cour du roi Christian VII, le Danois Nikolaj Arcel revisite un autre pan de l’histoire de son pays dans Bastarden, son nouveau long métrage intitulé The Promised Land et La Terre promise en versions sous-titrées au Québec et King’s Land en France.

Soumission officielle danoise dans la catégorie du meilleur long métrage international des Oscar 2024, Bastarden est un implacable récit de colonisation, très semblable à Los Colonos sorti récemment sur nos écrans. Le film se démarque par la présence de Mads Mikkelsen, solide comme un roc, à la fois stoïque et bouillonnant de l’intérieur et par la direction photo de Rasmus Videbæk (la série The Crown) qui magnifie cette fascinante épopée historique violente et froide.

Bel exemple du genre western appliqué à la sauce nordique, Bastarden possède un scénario riche, qui établit des parallèles frappants entre la cruauté des êtres et l’inhospitalité des terres. Le récit se voit tantôt comme une réflexion puissante sur les rouages du pouvoir politique de l’époque ; une allusion tout aussi subtile à l’obscurantisme et à la peur de l’autre (les « noirauds qui apportent la mort ») ; et un hommage au courage des défricheurs tentant de construire un pays encore empreint de barbarie.

Adapté du roman « The Captain and Ann Barbara » d’Ida Jessen, Bastarden est une oeuvre exigeante, parfois difficile à supporter, même si les auteurs ont cru bon rajouter une touche de sentimentalisme par le biais d’une romance aussi peu crédible que convenue. Malgré cela, le film garde en alerte tout du long, en dépit d’une petite baisse de régime au milieu et de son dénouement un peu précipité.