Affiche du film Caravage de Michele Placido (Axia Films)

Caravage: épique, glauque et généreux

L’histoire officielle : Italie 1609. Accusé de meurtre, Le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, Le Caravage tente d’obtenir la grâce de l’Église pour revenir à Rome. Le Pape décide alors de faire mener par un inquisiteur, l’Ombre, une enquête sur le peintre dont l’art est jugé subversif et contraire à la morale de l’Église.

Avec Un eroe borghese (1995), Romanzo Criminale (2005) et Le guetteur (2012), le prolifique comédien italien Michele Placido s’est fait un nom de cinéaste. Il le prouve une nouvelle fois avec cet expressif et instructif Caravage (L’ombra di Caravaggio en VO), fresque historique glauque qui traduit bien la place particulière qu’occupait l’artiste Michelangelo Merisi dit le Caravage dans une époque sale et brutale, écrasée par l’Église et l’Inquisition.

Doté d’une esthétique soignée et d’une mise en scène qui ne manque pas de souffle épique, Caravage contourne ses aspects les plus académiques en peaufinant la reconstitution de l’atmosphère de l’époque, en construisant une intrigue riche en détails et en sous-intrigues, mettant en valeur celui qui faisait passer les gueux pour des saints et qui semblait plus à l’aise dans les bas-fonds crasseux que dans les réceptions officielles ampoulées.

La narration se fait parfois redondante ou sur-explicative, le versatile Riccardo Scamarcio (Eden à l’ouest, Dalida, John Wick – Chapter 2) dans le rôle principal n’a peut-être pas pas tout le charisme voulu, et il est parfois bizarre d’entendre Isabelle Huppert et Louis Garrel parler italien. Toutefois, Caravage est un divertissement adulte de belle facture doublé d’un biopic aussi charnel qu’original, et, au final, très généreux envers le spectateur.

Sortie en salle au Québec : 8 décembre 2023.