Synopsis officiel : Deux personnes solitaires (Alma Pöysti et Jussi Vatanen) se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Mais la vie a tendance à mettre des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur.
Six ans après L’autre côté de l’espoir, Aki Kaurismäki revient en force avec Les feuilles mortes (Kuolleet lehdet en VO, Fallen Leaves en anglais), tragicomédie bienveillante qui témoigne une fois de plus de l’unicité de son cinéaste, toujours bien calé dans les marges du cinéma international.
Attachant, mais pas mièvre, dénonciateur, mais pas film à thèse, Les feuilles mortes n’est pas un OVNI sorti de nulle part qui oublie de ce qui se passe dans le monde. C’est d’ailleurs son arrimage dans la société finlandaise d’aujourd’hui (mais le regard de Kaurismäki porte au-delà des frontières) qui fait de ce film une oeuvre puissante. D’autant plus que la modestie du propos et la simplicité de l’action la situe dans une sorte d’épure faisant ressortir les aberrations de nos sociétés capitalistes (horreurs de la guerre en Ukraine, aux ravages de l’alcool ou au problèmes de chômage, entre autres). La dénonciation de l’absurdité ambiante se marie très habilement avec la joliesse de cette histoire d’un amour naissant, faisant naître chez deux êtres marqués par l’injustice et le manque de chance des battements de coeur jusque là insoupçonnés.
La résilience, la tendresse et l’espoir – seuls moteurs à peu près valables de nos vies malades – finissent par émerger de dessous les couches d’horreur, à l’instar d’un dernier plan d’une touchante beauté. L’humour décalé reconnaissable entre tous, la trame sonore et la direction artistique adorablement « vintage » s’ajoutent à une bonne dose de clins d’oeil à Godard et autres grands cinéastes d’antan.
En droite ligne de sa trilogie ouvrière (Ombres au paradis, 1987, Ariel, 1988 et La fille aux allumettes, 1989), Les feuilles mortes est à mon sens l’un des meilleurs Kaurismäki et une initiation très probante à son cinéma.
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Sélection officielle de la Finlande pour l’Oscar du meilleur film international 2024. Prix du jury, Cannes 2023.
Sortie en salle au Québec : 1 décembre 2023
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