Lobby card du film Le soleil des voyous - Jean Delannoy, 1967

Le soleil des voyous, 1967 – Bye Bye Margaret

Synopsis: Denis Farrand (Jean Gabin) est un ancien truand qui a pris sa retraite et gère désormais un bar pépère en province, tout en masquant à sa femme (Suzanne Flon) ses activités plus ou moins licites dans une boîte de nuit parisienne. Par hasard, il retrouve Jim Beckley (Robert Stack), ancien pote de régiment reconverti dans le petit banditisme. Ferrand est soudainement tenté de reprendre ses anciennes activités avec son copain. Ensemble, ils décident de réaliser un dernier coup: le braquage d’une banque contenant la paye de soldats américains basés en France. À leur insu, Betty, la compagne de Jim (Margaret Lee) et ancienne amante de Farrand, a eu vent de leur projet et s’invite dans la partie.

Jean Gabin (d.), Margaret Lee (c.) et Robert Stack (g.) dans le polar Le soleil des voyous, Jean Delannoy, 1967
Jean Gabin (d.), Margaret Lee (c.) et Robert Stack (g.) dans le polar Le soleil des voyous, Jean Delannoy, 1967

Jean Gabin m’a toujours plus intéressé dans ses rôles de voyous et dans ses drames que dans ses comédies, dans lesquelles il a eu une tendance certaine au cabotinage et qui se réduisent souvent à sa seule présence (Archimède et le clochard, Le tatoué, Les vieux de la vieille). Réalisé par Jean Delannoy, un réalisateur respecté ayant une carrière longue et variée, Le soleil des voyous témoigne du charisme que dégageait Gabin dans ses rôles de truands froids et implacables (ou de flics intègres, ce qui, chez lui, était souvent très proche), tels Le cave se rebiffe, Le clan des siciliens, Du rififi à Paname, Mélodie en sous-sol, ou Touchez pas au grisbi, parmi tant d’autres.

Mélange de film noir et de suspense policier, Le soleil des voyous est basé sur un scénario très solide (et très crédible) écrit par Alphonse Boudard et Delannoy, d’après le roman The Action Man de J.M. Flynn. Quoique ce ne soit pas une oeuvre majeure dans la filmographie française de l’époque, le film est à mes yeux un exemple probant de l’atmosphère des films noirs français sortis dans les années 1960.

Margaret Lee et Robert Stack dans le polar Le soleil des voyous, Jean Delannoy, 1967
Margaret Lee et Robert Stack dans le polar Le soleil des voyous, Jean Delannoy, 1967

Sorti en 1967, Le soleil des voyous s’inscrit dans une période intéressante du cinéma français, parce que située juste avant que Mai 1968 ne vienne chambouler la société et le cinéma. C’est donc aussi le reflet d’un certain classicisme, efficace et soigné, toujours aussi emballant malgré le poids des ans.

Revoir le film nous donne l’occasion de retrouver la sublime anglaise Margaret Lee, décédée il y a moins de deux mois. Née le 4 août 1943 à Wolverhampton, Margaret Lee a connu une carrière polyvalente et prolifique, surtout dans la série B italienne et européenne des années 1960 et 1970. Celle qui avait commencé sa carrière comme mannequin avant de se tourner vers le cinéma tient ici le rôle d’une escorte de luxe tannée de devoir rester dans l’ombre. Ambitieuse, et connaissant très bien l’étendue du pouvoir qu’elle détient sur ses deux amants, elle espère se sortir de sa monotonie en profitant à son tour du crime. Ce rôle de Betty est sans l’un des meilleurs de sa filmographie, comme Frenesia dell’estate (Frénésire d’été, Luigi Zampa, 1963), Operation Kid Brother (Opération Frère cadet, Alberto de Martino, 1967) ou encore La morte non ha sesso (Le tueur frappe trois fois, Massimo Dellamano, 1968).

Gabin, Margaret Lee, suspense, tronches amicales et mise en scène tendue, voilà les atouts de Le soleil des voyous. La nostalgie fonctionne à plein grâce à ses scènes de studio et à ses décors naturels que l’on ne verra plus jamais autrement que par le truchement du cinéma. Disponible gratuitement sur plex.tv (sous son titre anglais The Action Man).

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